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5 raisons de rester optimiste en cette rentrée compliquée



En cette rentrée où tous les voyants semblent être au rouge, il y a tout de même des raisons d’espérer et de rester optimiste à titre collectif. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de se voiler la face et de faire du "cherry picking" en ne sélectionnant que des informations positives ou des bonnes nouvelles. On le sait bien, les difficultés et les défis auxquels on doit faire face collectivement sont immenses, tout comme l’inquiétude qu’ils peuvent générer.


Mais il est aussi important de prendre conscience du fait que tout ne va pas mal ou de mal en pis et qu’il y a aussi de nombreuses sources d’espoir, y compris sur les grands sujets de préoccupation du moment : Ukraine, Covid-19, climat…



(1) Ukraine : s’inspirer de l’état d’esprit des Ukrainiens


Lorsque le conflit en Ukraine a débuté le 24 février dernier, le pire a été immédiatement envisagé, à savoir l’invasion rapide de l’ensemble du pays par les troupes russes et son annexion, suivie de nouvelles incursions militaires de la Russie dans d’autres pays de la région, comme la Moldavie, voire l’usage par Moscou, le cas échéant, de l’arme nucléaire.


Or, ce n’est pas ce qui s’est produit, même si la population ukrainienne, en particulier dans les zones occupées, endure le pire au quotidien. Les Ukrainiens ont, en effet, su faire preuve d’une extraordinaire capacité de résistance, avec le soutien financier, politique et militaire des pays occidentaux, ce qui a conduit les troupes russes à "renoncer" à la conquête de l’Ouest du pays, dans un premier temps, et même à devoir se retirer de territoires occupés face à la contre-offensive à partir de la fin du mois d’août, victorieuse à ce stade, de l’armée ukrainienne dans l’Est et le Sud du pays.


On ne peut savoir comment ce conflit peut évoluer. On voit bien aussi quelles sont ses conséquences, notamment sur les prix de l’énergie et de l’alimentation dans beaucoup de pays. Mais, l’état d’esprit dont font preuve les Ukrainiens, leur résistance et leur résilience face à l’agression militaire dont ils sont victimes doivent être des sources d’inspiration pour nous en ces temps difficiles. Ils tendent à démontrer, en effet, que l’on peut lutter contre un sort qui semblait être pourtant largement scellé.



(2) Covid-19 : bientôt la fin ?


Si l’on se fie aux données du Coronavirus Resource Center de la Johns Hopkins University of Medicine, devenue la référence en la matière, mi-septembre 2022, les décès liés à la pandémie de Covid-19 s’élevaient à plus de 6,5 millions de personnes dans le monde. C’est considérable, notamment en comparaison du bilan d’autres pandémies ou épidémies récentes : moins de 800 décès du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) dans le monde en 2003, 860 du MERS (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en 2012, 11 000 d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, et entre 150 000 et 575 000 de la grippe H1N1 en 2009. En outre, ces chiffres sont sans doute largement sous-estimés. Si l’on se base sur les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) diffusées en mai dernier, 14,9 millions de décès supplémentaires seraient associés directement ou indirectement à la pandémie de Covid-19 en 2020 et en 2021. Si l’on tient compte des décès de 2022, ce chiffre est appelé à être encore plus élevé. N'oublions pas non plus que plus de 610 millions de personnes ont été contaminées par le virus, soit près de 8% de la population mondiale. Enfin, différents signes tendraient à montrer que l’on se dirigerait vers une huitième vague.


Néanmoins, des vaccins contre la Covid-19 ont été développés en un temps record, alors que jusqu’à présent, il n’en existait aucun contre les formes graves de coronavirus et alors même que le SRAS était apparu fin 2002. D’après le Coronavirus Resource Center, plus de 12 milliards de doses vaccinales ont été ainsi administrées dans le monde. Une étude récente publiée dans la revue The Lancet indique à ce propos que les vaccins anti-Covid auraient évité 14,4 millions de décès dans le monde en 2021, en fonction des données officielles sur le nombre de morts, et de 19,8 millions, si l’on prend en compte les données sur la surmortalité dans le monde.


Par ailleurs, des chercheurs du Boston Children’s Hospital et de la Duke University ont découvert récemment un anticorps, appelé SP1-77, capable de lutter contre tous les variants de la Covid-19 et espèrent créer un nouveau vaccin sur la base de cette découverte. Enfin, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré au mois de septembre que "nous n’avons jamais été dans une meilleure position pour mettre fin à la pandémie" de Covid-19.



(3) Climat : des raisons d’espérer malgré tout


L’été 2022 a été marqué par une multiplication d’événements climatiques extrêmes en Europe occidentale et ailleurs. Comme l’a dit le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu au mois d’août dernier, "Cette fois, ce ne sont pas des chiffres ou des projections, c’est sous nos yeux". Un rapport récent coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), United in Science, indique que "nous allons dans la mauvaise direction" et que "si nous ne prenons pas des mesures beaucoup plus ambitieuses, les effets physiques et socio-économiques du changement climatique seront de plus en plus dévastateurs". Les auteurs d'une autre étude récemment publiée dans la revue Science préviennent que, si le réchauffement devait dépasser 1,5° C par rapport à l’ère préindustrielle, cela pourrait déclencher plusieurs "points de basculement" climatiques, tels que le dégel du permafrost ou l’extinction des barrières de corail, risquant de provoquer des réactions en chaîne catastrophiques. Cela conduit le paléontologue Henry Gee dans un article paru dans la revue Scientific American à considérer que l’humanité pourrait ne pas survivre d’ici la fin du siècle, compte tenu de la faible variation génétique, de la baisse de la fécondité, de la pollution et du dérèglement climatique et du stress généré par les villes surpeuplées.


Et pourtant Up’Magazine, dont les articles ont souvent un ton alarmiste sur les questions climatiques, a récemment publié un texte intitulé "Climat : des raisons d’être (prudemment) optimiste ?". On voit bien, par exemple dans la Newsletter hebdomadaire L’actu des bonnes nouvelles de Martine Le Jossec, que les initiatives en faveur d’une transition énergétique et écologique se multiplient tant à un échelon individuel, local, régional que national à l’instigation d’acteurs économiques, étatiques ou de la société civile. Des pays comme les Etats-Unis et l’Australie, qui sont d’importants émetteurs de gaz à effet de serre et qui n’ont pas toujours voulu jouer le jeu de la coopération internationale sur le plan climatique ces dernières années, viennent d’adopter récemment d’importants plans de réduction de ces émissions.


Les événements climatiques extrêmes de cet été ont également amené beaucoup d'individus à une prise de conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre en œuvre une transition énergétique. C’est le cas d’une partie notable des Français. Dans une enquête YouGov, 87% des Français interrogés estiment que ces événements climatiques extrêmes sont bien liés au réchauffement climatique et 68% de ceux qui connaissent le concept disent avoir ressenti une éco-anxiété cet été. En outre, d’après un sondage BVA, 21% des Français interrogés disent ainsi avoir pris conscience du fait que le changement climatique pouvait déjà avoir des effets en France, s’ajoutant aux 66% qui affirment en être déjà conscients avant cet été.


Il en est de même semble-t-il pour une partie des journalistes français par rapport à leurs pratiques et à leur traitement des enjeux climatiques. Mi-juillet, plusieurs organismes représentant les différents organes de presse ont ainsi annoncé une initiative commune dénommée "La presse s’engage" visant à mettre en œuvre des engagements et des bonnes pratiques pour accélérer la transition écologique de la filière. Plus récemment, un collectif de journalistes a lancé une charte pour un traitement médiatique "à la hauteur de l’urgence écologique" afin d’"améliorer collectivement la médiatisation de ces enjeux cruciaux [dérèglement climatique] pour les générations actuelles et à venir".



(4) Cancer : des annonces prometteuses


Une étude récente de chercheurs de l’université Harvard publiée dans la revue Nature reviews clinical oncology indique que, ces dernières années, tous les types de cancers tendent à augmenter de façon inquiétante dans le monde chez les individus de moins de 50 ans et que le risque augmente à chaque génération. Les auteurs disent même redouter "une épidémie mondiale émergente" de cancers au sein de cette population.


Dans un tel contexte très préoccupant, les résultats de deux études récentes, parmi d’autres, sur de très prometteurs traitements des tumeurs cancéreuses apparaissent comme d’importantes sources d’espoir. Des chercheurs de l’institut Max Planck pour la recherche sur les polymères, dont les travaux ont été publiés dans la revue Journal of the American Chemical, ont développé une méthode qui s’appuie sur des "molécules autoassemblées asphyxiant littéralement les cellules cancéreuses". Dans une autre étude, des chercheurs de la Tufts School of Engineering ont annoncé qu'ils avaient mis au point un nouveau vaccin à ARN messager qui a permis de totalement éliminer la tumeur cancéreuse chez 40% des souris testés, tout en prévenant leur récidive.



(5) Les enseignements plutôt rassurants du temps long


Les travaux de deux économistes contemporains majeurs, mais pourtant peu connus en France, Carlota Perez et Oded Galor, montrent que l’étude du temps long permet de cultiver un optimisme prudent sur la capacité de l’humanité à s’adapter aux grands défis présents et futurs.


Carlota Perez est une grande spécialiste de l’innovation et des révolutions technologiques. Elle a identifié cinq grandes révolutions industrielles depuis 1771 et a constaté que celles-ci suivent toujours le même schéma. L’arrivée d’une nouvelle technologie tend tout d’abord à créer du chaos et beaucoup d’inégalités. Elle génère également une bulle financière qui finit par provoquer des krachs. Cela conduit à une période de récession et d’instabilité, voire de guerre dans certains cas. Les Etats finissent alors par intervenir. La technologie arrive à maturité. C’est l’"âge d’or" durant lequel les bénéfices de la technologie en question sont plus équitablement partagés. Ainsi, pour Carlota Perez, la 5e révolution industrielle, celle des technologies de l’information et de la communication (TIC), a débuté en 1971 avec l’invention du microprocesseur, après l’âge d’or de la 4e révolution, celle du fordisme, de la production de masse, du pétrole et de l’automobile, qui correspond aux "Trente glorieuses". Or, d’après elle, nous serions sur le point d'entrer dans la dernière phase, celle la récession, puis de l’âge d’or de cette 5e révolution, mais à condition, selon elle, que les investissements s’orientent en priorité vers la transition écologique. Ce qui lui fait dire : "il se peut que nous soyons à la veille d’un âge d’or".


Oded Galor, quant à lui, est l’auteur d’un ouvrage récemment publié en langue française Voyage de l’humanité. Aux origines de la richesse et des inégalités (Denoël). Il rappelle dans un entretien accordé à L’Express à quel point "l’humanité a réalisé des progrès immenses" ces deux derniers siècles, "alors que l’humanité a stagné durant plusieurs centaines de milliers d’années", et que "dans les dernières décennies, des milliards de personnes ont pu vaincre la faim, les maladies et l’insécurité du destin".


En ce qui concerne l’avenir, Oded Galor considère que "le réchauffement climatique est le plus grand défi auquel l’humanité a été confrontée". Il fait cependant preuve d’un "optimisme prudent" en la matière. Pour lui, "L'ingéniosité de l'humanité, que l'on a pu constater tout au long de l'Histoire, nous a permis de surmonter plusieurs crises graves. Face à la pandémie du Covid-19, nous avons développé des vaccins à ARN dans un temps très court, et nous avons évité les scénarios catastrophes prédits dans les médias. Quand j'observe ces tendances sur le long terme, je garde donc espoir. Si - et c'est un 'si' important - nous développons l'usage des technologies respectueuses de l'écologie, si nous renforçons les limitations pour les émissions de CO2, si nous développons la coopération internationale pour la mise en place de ces limitations, alors, en sachant que nous pouvons encore accélérer la baisse des taux de fécondité et que la population est, de manière relative, de plus en plus éduquée, nous pourrons atténuer les effets du réchauffement au cours des prochaines décennies. Avant, espérons-le, de pouvoir développer des technologies encore inimaginables aujourd'hui et d'inverser totalement ce réchauffement. Je suis donc un optimiste prudent".


Carlota Perez et Oded Galor se montrent par conséquent plutôt optimistes, au regard des révolutions industrielles passées et des grands progrès effectués par l'humanité, mais à condition que l’humanité s'engage fermement dans une transition écologique afin de lutter contre le dérèglement climatique.



Les "bonnes nouvelles" diffusées chaque jour par L’Observatoire du Positif, comme par d’autres sources, montrent aussi que les découvertes scientifiques prometteuses, les innovations sources d’espoir ou les initiatives positives tendent à pulluler, ce qui peut être un facteur d'optimisme. Enfin, quoi de mieux pour rester optimiste que de lire la Newsletter hebdomadaire de "Monsieur optimiste", Philippe Croizon, qu’il vient de lancer.


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