Les chroniques du positif : Des messages d'espoir
- eddyfougier
- 31 mai
- 5 min de lecture

Les motifs d’espoir ne sont pas très nombreux en ce moment, du moins si l’on s'en tient à l’actualité telle qu’elle est traitée dans les médias. Et pourtant, il y en a comme on peut le voir chaque mois dans la Newsletter de L'Observatoire du Positif.
Il y en a aussi en lisant deux livres parus au mois de mai et plusieurs interviews réalisées ce même mois. Le premier livre est Peak Human (Atlantic Books) de Johan Norberg, qui vient de paraître en anglais et qui n’est pas encore traduit en français. Johan Norberg est notamment l’auteur du remarqué Non ce n’était pas mieux avant (Plon, 2017).
Le second est L’Horizon des possibles (Robert Laffont) de l’économiste Philippe Dessertine. Les interviews sont celles de ces deux auteurs – Johan Norberg et Philippe Dessertine –, mais aussi d’Ariane de Rothschild, PDG d’Edmond de Rothschild.
On peut en tirer trois messages d’espoir.
L'optimisme au coeur des grandes civilisations
Le premier est que les grandes civilisations sont intrinsèquement liées à l’optimisme.
C’est la thèse défendue par Johan Norberg, que The Guardian a présenté comme un "prophète de l’anti-pessimisme".
Il s’intéresse dans son livre à plusieurs périodes d’âge d’or de l’histoire de l’humanité : Athènes, Rome antique, le Bagdad des Abbassides, la Chine des Song, la Renaissance italienne, les Pays-Bas du XVIIe siècle. Son sous-titre est d’ailleurs "Ce que l’on peut apprendre des plus grandes civilisations de l’histoire".
On peut retrouver les thèses de son livre dans un entretien qu’il a accordé à L’Express. Pour Johan Norberg, ces périodes d’âges d’or présentent des traits communs. Ces civilisations étaient ouvertes sur l’extérieur, notamment par le commerce, les flux migratoires ou les guerres. Cette ouverture était également intellectuelle : elles ont su s’inspirer d’autres civilisations, imiter ce qu’elles faisaient, s’adapter et innover.
Elles se caractérisent également par "une culture de l'espoir et du possible. C'est-à-dire une culture dynamique qui permet à des personnes de penser différemment, ce qui alimente une énergie créative".
Or, il remarque également que "Lorsque vous inversez ce processus, c'est le début du déclin. Cela commence par un changement culturel, avec la montée du pessimisme. La conviction que tout est sans espoir et que cela ne vaut même pas la peine d'essayer devient souvent une prophétie autoréalisatrice. Ces sociétés cessent alors de voir les nouvelles idées, le gâteau économique devient plus petit, on se bat pour le partager, avec des conflits entre différents groupes sociaux. Cette spirale descendante s'accompagne généralement de la mise en place d'une orthodoxie. Lorsque l’inquiétude grandit, vous cherchez à vous raccrocher à des croyances sûres et supposément pures" et vous êtes enclins à penser que "la seule solution passe par l'abandon de l'ouverture au monde et de la curiosité intellectuelle".
Johan Norberg souligne d’ailleurs que, depuis quelques années, "Nous sommes à un moment critique. On peut voir des signes inquiétants, comme lors des déclins de précédents âges d'or. Nous sommes passés de l'idéal athénien, qui consiste à sortir et à découvrir de nouvelles choses, à l'idéal spartiate, qui consiste à rester chez soi et à se couper du monde. En partie parce qu'il y a eu des menaces géopolitiques et la pandémie du Covid. Mais il y a aussi une réaction politique contre la mondialisation et le commerce international". Il fait bien évidemment aussi référence à Donald Trump.
Philippe Dessertine estime, lui aussi, dans son entretien dans Le Figaro que "Le progrès humain ne passe que par l’ouverture, les échanges, le commerce".
Retrouver le goût du futur et du progrès
Le second message est la nécessité de retrouver le goût de l’avenir et du progrès.
Philippe Dessertine appelle ainsi dans son livre, qu’il qualifie de "résolument optimiste et positif", à retrouver la confiance en l’avenir et à "Réaffimer sans cesse une foi dans le progrès, seule logique pour espérer sortir par le haut de ces chocs multiples qui se croisent sur notre époque". Il définit le progrès comme "ce qui permet à chaque être humain d’espérer que ses enfants, ses descendants, vivront mieux que lui".
Pour lui, cela implique de réinventer "nos modèles, nos priorités et nos espoirs pour construire un avenir où chaque être humain peut prospérer tout en ayant la certitude que ses enfants vivront mieux que lui". Il invite ainsi à construire un autre modèle économique "radicalement différent, qui propose à l’humanité tout entière une croissance durable, qui permette de régénérer l’écosystème naturel tout en offrant une perspective de sortie de la pauvreté aux populations les plus exposées à moyen terme, soit à une génération".
Or, aux yeux de Philippe Dessertine, "Trouver une autre manière de produire, une autre manière de consommer, une autre manière de vivre ne peut venir que de la base, des 'vraies gens', de ceux qui, partout, décideront de rompre avec le passé, avec leur passé".
A l’instar de Johan Norberg, il remarque néanmoins, lui aussi, que "Les grandes peurs du changement et l’incertitude associée aux temps nouveaux s’accompagnent, à la fin de toutes les époques, d’une tentation récurrente du protectionnisme et de la xénophobie".
Philippe Dessertine se dit par ailleurs optimiste pour l’avenir de la France dans l'entretien qu'il a accordé au Figaro : "Je suis optimiste pour mon pays. Nous disposons d'avantages essentiels pour revenir dans le wagon de tête du train du progrès, pourvu que soient traitées efficacement nos faiblesses. Nous disposons aussi de liens forts avec le continent africain, ce qui sera un avantage considérable pour le futur. La prise de conscience est urgente. Nous le devons aux générations montantes".
Changer d'état d'esprit
Le troisième message est qu’il est nécessaire de changer d’état d’esprit et d'arrêter de sous-estimer nos atouts collectifs.
C'est le positionnement d'Ariane de Rothschild, qui défend l’idée que les Européens doivent sortir de leur léthargie et changer d’état d’esprit : "Donald Trump rend un grand service à l’Europe en la forçant à sortir de sa léthargie. Nous avons tendance à voir le verre à moitié vide, alors que les Américains sont toujours combatifs et positifs. Le 'Yes we can' est américain, le 'peut mieux faire' est européen. Nous devons changer d’état d’esprit et nous inspirer de la puissance de l’optimisme des Américains. Nous ne valorisons pas suffisamment ce que nous savons bien faire et nous nous sous-estimons. Or l’Europe a une opportunité historique à saisir, car elle dispose de nombreux atouts".
Car, pour elle, l’Europe a des ressources et des atouts qu’elle sous-estime : "L’Europe est une puissance de 450 millions d’habitants dotée d’un très bon niveau d’éducation. Le taux d’épargne est aussi parmi les plus élevés au monde, avec 15%. Cela représente plus de trois fois le taux d’épargne aux États-Unis. Nous avons un modèle d’économie sociale de marché à préserver, même s’il doit être plus efficient. En France, tout le monde peut se faire soigner de façon relativement abordable, ce qui n’est absolument pas le cas aux États-Unis. Alors que l’Administration Trump secoue les acquis de la démocratie américaine ; l’Europe offre la stabilité : l’État de droit y est respecté et l’indépendance de la banque centrale n’est pas remise en question. Donald Trump a provoqué une onde de choc et réveillé une angoisse profonde : il nous oblige à protéger la démocratie, que l’on croyait une valeur acquise".
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