Les chroniques du positif : Et si le monde n’allait pas aussi mal que ça !

Le monde semble être à feu et à sang et même au bord du gouffre, du moins si l’on en croit les chaînes d’informations en continu et l’écho qu’en donnent les réseaux sociaux numériques. Les résultats d’enquêtes d'opinion tendent à montrer en conséquence que le pessimisme collectif est prédominant dans les pays riches. On l’a vu par exemple au mois d’octobre pour la France avec les résultats de l’enquête "Fractures françaises" (Ipsos).

Et pourtant, d’autres enquêtes montrent que, dans l’ensemble, la réalité que vivent les gens au quotidien n’est sans doute pas aussi sombre que cela. En témoignent trois enquêtes réalisées par l’institut Gallup dans plus de 140 pays dont les résultats ont été divulgués récemment.

(1) Prospérité perçue 

Gallup établit tout d’abord un "Life Evaluation Index". L’institut de sondage demande aux participants de 142 pays d'évaluer leur vie actuelle et leur vie future sur une échelle allant de 0 (le pire) à 10 (le meilleur). Ceux qui obtiennent un score de 7 ou plus pour le présent et de 8 ou plus pour les cinq prochaines années sont considérés comme "épanouis", tandis que ceux qui obtiennent un score de 4 ou moins pour le présent et pour le futur sont jugés "en souffrance".

Or, en moyenne dans tous ces pays, l'évaluation par les participants de leur vie présente et future a eu globalement tendance à s'améliorer au fil du temps.

Gallup évalue également ce qu’il appelle la "médiane mondiale de la prospérité des pays". C'est "le taux de prospérité du pays [qui correspond aux personnes épanouies] se situant au milieu de l'ensemble des pays, classés du plus fort au plus faible". Ce taux s'établissait à 33% en 2024. Or, au cours des quinze dernières années, cette médiane mondiale a beaucoup augmenté. Elle est passée de 23% en 2007 à 33% en 2024.

Parallèlement, les "taux de souffrance" ont légèrement diminué ces 15 dernières années. En 2024, ils ont même atteint leur niveau le plus bas jamais enregistré depuis 2007, avec un taux de 7%.

Il en est de même pour la trajectoire de la moyenne mondiale pondérée par la population et pour les taux de prospérité qui ont progressé dans toutes les catégories démographiques : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Cela signifie que tous jugent désormais leur vie meilleure que par le passé.

On peut remarquer que cette perception du bien-être s'est améliorée dans toutes les régions entre 2007 et 2024, à l'exception notable des pays les plus développés (Amérique du Nord, Europe occidentale, Australie et Nouvelle-Zélande).

Enfin, 81% des personnes interrogées dans le monde se disent satisfaites de leurs libertés individuelles, chiffre qui a été en augmentation constante durant la période couverte. Il en est de même pour la perception du bien-être des enfants. En 2024, 75% des personnes interrogées estimaient que leur pays était un lieu propice à l'apprentissage et à l'épanouissement des enfants. Les deux indicateurs d'optimisme économique (niveau de vie et économie locale) se sont nettement améliorés depuis la crise financière de 2007-2008. Ils restent malgré tout légèrement inférieurs aux niveaux d'avant la crise.

(2) Emotions ressenties 

Gallup vient également de publier le "State of the World’s Emotional Health 2025". L'institut de sondage interroge chaque année des personnes dans 144 pays en leur demandant quelle émotion elles ont ressentie la veille de l'enquête. Ces émotions peuvent être positives (joie, repos, sourire, respect, apprendre quelque chose) ou bien négatives (colère, tristesse, stress, inquiétude, souffrance physique).

En 2024, les émotions négatives restent significatives, alors qu’elles ont nettement augmenté depuis le début des années 2010. Néanmoins, les émotions positives sont beaucoup plus élevées et, pour certaines d’entre elles, elles ont même retrouvé leur niveau d'avant la pandémie de Covid-19.

Ainsi, si 39% des adultes ont mentionné le fait d’être inquiets et 37% le fait d’être stressés, la proportion de ceux qui ont ri et qui ont été joyeux était de 73%.

(3) Sentiment de sécurité 

Enfin, dans le "Global Safety Report 2025", Gallup a réalisé plus de 145 000 entretiens dans 144 pays pour demander à ces personnes si elles se sentaient en sécurité. Elles ont été également interrogées sur leur confiance envers la police locale et sur les agressions qu’elles avaient subies au cours de l’année écoulée.

En 2024, 73% des adultes interrogés dans ces pays ont déclaré se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seul dans la rue. Jamais depuis le début de l'enquête, menée depuis 2006, le niveau de sécurité relevé n'avait été aussi élevé.

On peut voir que ce sentiment de sécurité croît dans toutes les régions, à l'exception de l'Amérique du Nord et de l'Afrique subsaharienne.

Ces différentes enquêtes ne tendent pas à montrer que l'on vit dans le meilleur des mondes. Elles incitent néanmoins à élargir le regard que l'on peut avoir sur la réalité en ne s'en tenant pas qu'au "bruit" médiatique. Car cette réalité est plus complexe qu'il n'y paraît.

Il y a les événements dramatiques qui font la "Une" des médias, ces derniers s'intéressant avant tout à tout ce qui relève d'une rupture de la normalité. Mais il y a aussi ce que vivent les gens au quotidien, ce qui relève en général de la "normalité". Or, cette dernière réalité est très souvent heureuse et tend même à s'améliorer en moyenne dans le monde ces dernières années.