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Les chroniques du positif : Quatre belles histoires de résilience

  • Photo du rédacteur: eddyfougier
    eddyfougier
  • il y a 4 jours
  • 7 min de lecture
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Il est beaucoup question de résilience depuis quelques années. Le terme est un peu mis à toutes les sauces. Boris Cyrulnik, grand spécialiste bien connu de ce sujet, s’en plaint d’ailleurs régulièrement. Mais, d'après lui, la résilience a un sens bien précis qu'il définit comme "la reprise d’un bon développement, d’un nouveau développement, après une agonie psychique, traumatique".


Voici à ce propos quatre véritables, et belles, histoires de résilience, qui tendent à nous montrer que, même face à des situations dramatiques et/ou particulièrement compliquées, il est tout de même possible de s’en sortir.


 

Virginie Delalande, qui a fait de son handicap une force


Sourde profonde de naissance, Virginie Delalande s’est battue pour être "comme tout le monde". Elle a été la première avocate sourde de naissance. Elle est également conférencière motivationnelle et coach certifiée.


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Elle décrit son parcours sur son site Handicapower : "On m’a dit que je ne parlerai jamais, que je n’apprendrai jamais à lire ni écrire, que je n’aurai pas mon bac, que personne ne voudrait se marier avec moi, que je ne gagnerai jamais bien ma vie avec un handicap… Et pourtant… Pendant 10 ans, j’ai expérimenté la vie professionnelle sous toutes ses formes : start-up, multinationale, organisation internationale, cabinet d’avocat, dans plusieurs pays et sous diverses casquettes (juriste, chef de projet, chef de service, membre du conseil d’administration). J’ai beaucoup appris : comment 'être différent' était perçu selon les contextes, et comment en faire une force !".


Elle indique ainsi que "Mon credo : Différents ou non, nous avons tous en nous des trésors que nous pouvons mettre au service de chacun (particuliers, entreprises ou administrations, société civile). Aujourd’hui, j’aide toutes les personnes qui se sentent bloquées par des peurs ou des croyances limitantes, à exploser leurs plafonds de verre et à se créer la vie qu’elles méritent vraiment. Et je montre aux entreprises comment le handicap, la diversité peuvent être une source incroyable de créativité et de performance".


En 2020, elle a écrit un récit autobiographique, Abandonner ? Jamais ! (Kawa, 2020), qui avait aussi pour objectif de contribuer à changer le regard de la société sur les personnes en situation de handicap : "Pour faire vraiment bouger les choses sur un sujet aussi sensible que le handicap, je réalise que le plus efficace reste d’appeler un chat un chat, de faire toucher du doigt les réalités du terrain, de rappeler certaines évidences qui n’en sont pas pour tous, de donner une image plus juste du handicap. Ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on n’existe plus économiquement ou socialement. On continue à vivre, à travailler, à consommer, à aimer, à fonder une famille, à acheter une voiture ou une maison, à vouloir s’amuser et vivre des aventures" (source).


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En 2025, Virginie Delalande a publié un livre intitulé "Kiffe ton handicap !" (Dunod) et a lancé le mouvement éponyme. Celui-ci vise à promouvoir "un nouveau regard sur le handicap. Un regard qui ne cherche pas à corriger, mais à reconnaître. Un regard qui transforme la gêne en fierté, le doute en impact, la différence en moteur".

 

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Claude Ganter, la patiente experte


En 2007, Claude Ganter est rédactrice en cheffe d’une agence photo. Elle apprend qu’elle est atteinte d'un cancer du sein. Elle est en rémission après un an de traitements. Pourtant, elle est loin d’être totalement guérie.


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Après plusieurs récidives, dix ans de traitements et une quinzaine d’opérations, elle est devenue patiente experte en mettant son expérience au service des malades et des soignants. Elle a transformé cette expérience "en savoir utile pour le collectif" en suivant en particulier la formation de l’Université des Patients-es, créée par la professeure Catherine Tourette-Turgis.


Il s’agit de la première formation diplômante au monde qui accueille "des personnes vivant avec une ou plusieurs maladies chroniques et les forme à l’éducation thérapeutique du patient".


Un "patient expert" est "une personne qui vit avec la maladie et qui transforme ces savoirs expérientiels en compétences utiles pour les autres". Cette fonction n’a pas encore de statut officiel et est une activité bénévole. Elle figure cependant désormais dans le Code de la santé.


Le rôle du "patient expert" selon Claude Ganter est de "créer du lien pour faire vivre la démocratie en santé. J’ouvre des espaces de dialogue entre l’hôpital, la recherche, l’industrie et les citoyens, là où les voix ne se croisent pas toujours : entre le vécu et la décision, entre le savoir et l’usage. Avec une conviction : remettre de l’humain face à la technique".


Elle en conclut que "cette épreuve, aussi rude soit-elle, m’a ouvert un horizon inattendu : un lieu où je trouve de la reconnaissance, de la passion, et une énergie qui me porte chaque jour" (source).



 


 

Marie-Sol St-Onge, l’artiste-peintre amputée des quatre membres


Marie-Sol St-Onge est une artiste-peintre québécoise, qui présente la particularité d’avoir perdu ses bras et ses jambes en 2012 suite à une infection à streptocoque A ayant "dégénéré en bactérie mangeuse de chair".


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Elle a fait un choc septique qui l’a plongée dans le coma et a dû être amputée de ses quatre membres. Elle était alors âgée de 34 ans et la maman de deux garçons âgés respectivement de 5 et 8 ans. Elle n’a pu rentrer chez elle qu’au bout d’un an.


Progressivement, elle s’est remise à peindre. Elle fait des conférences. Elle a été également chroniqueuse dans un journal et a animé une émission de télévision.


Comment a-t-elle fait pour s’en sortir, alors que, ainsi l’affirme son mari, "à un moment, j’étais convaincu qu’on venait de la perdre. J’avais annoncé à mes enfants qu’on allait la débrancher, c’était la recommandation des médecins" ? Ceux-ci estimaient qu’elle avait seulement 5 % de chances de survivre.


"Au début, on essaie juste de comprendre et de survivre. J’étais intubée, je ne pouvais pas m’exprimer. Je ne pensais pas à mes membres, je voulais juste vivre. Trois semaines après mon réveil du coma, j’ai réalisé que mes extrémités étaient trop nécrosées pour revenir. Là, j’ai pleuré. J’étais inconsolable, mais j’ai fait tranquillement mon deuil".


Son mari et ses enfants ont bien évidemment joué un rôle fondamental : "La vie est plus difficile à certains niveaux, mais elle reste belle et plaisante en sa compagnie […] On se motivait à traverser la tempête en discutant beaucoup. On n’a pas eu recours à des ressources d’aide psychologique. On parlait énormément ensemble et avec nos enfants pour rendre la situation plus banale. J’aime dire que l’amour est le meilleur médicament". Comme le dit son mari Alain : ‘J’aime l’illustrer en disant que la tornade a démoli la maison, mais la fondation est restée. On a réussi à se reconstruire différemment, dans ces nouvelles circonstances, et à créer quelque chose de chaleureux, malgré tout". Cela fait maintenant 32 ans qu’ils sont ensemble et leurs enfants ont 19 et 22 ans.

 

Cela a été le cas également de l’humour et des "petites victoires" : "J’ai compris que c’est important de fêter toutes ces petites victoires. Ça donne la motivation de surmonter les autres épreuves".


Ainsi, en 2018, Marie-Sol St-Onge a participé à une course de 3 km lors d’un événement à Nicolet pour laquelle elle s’est entraînée tous les jours pendant plusieurs mois. A son arrivée, elle déclarait : "On se fixe des limites qu’on pense qu’on ne pourra pas dépasser, mais si on reste positif et qu’on fait juste un pas après l’autre, nos pas nous portent plus loin qu’on aurait imaginé'.


Elle a également réussi à reprendre la peinture. Dans un premier temps, elle a eu beaucoup de difficulté à faire le deuil de ses mains. Mais son conjoint l’a énormément aidé en la matière : "Il disait ‘bien non, tu vas être capable’. Pour me le prouver, il a attaché un crayon à mon moignon et il m’a laissé devant une feuille blanche et j’ai dessiné un petit truc. Ça a été le coup d’envoi".

 

Enfin, Marie-Sol St-Onge a ressenti le besoin de partager son expérience, en particulier via les réseaux sociaux, l’écriture d’un livre, Se relever sans mains ni pieds (Editions de Mortagne, 2020) ou des conférences : "Au début, tu ne comprends pas l’impact que tu peux avoir. Aujourd’hui, je sais que ça amène du positif dans la vie des gens. Ça donne du sens au drame. Je sais que je peux aider d’autres personnes qui traversent des épreuves, peu importe lesquelles. On s’adresse souvent aux personnes valides pour les sensibiliser aux enjeux vécus par les personnes handicapées […] Dernièrement, une fille en fauteuil roulant m’a écrit pour me dire que je l’avais inspirée, et ça me fait comprendre que des petits gestes font avancer les choses. Finalement, ce n’est que positif de partager".


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Au final, son regard sur la vie a énormément changé : "Je me trouve beaucoup plus humaine et empathique. L’année 2012 est marquée au fer rouge pour moi. Si on m’avait demandé à l’hôpital si je voulais continuer à vivre, je ne sais pas ce que j’aurais répondu. Perdre ses quatre membres, ça frappe l’imaginaire ; Je ne suis évidemment plus la même personne".


"Je ne pensais vraiment pas que la vie allait m’apporter des plus après avoir eu tant de moins. Quatre amputations, je croyais que j’allais vivre que des moins dans ma vie, jamais des surprises, et pourtant, j’en ai vécu depuis 13 ans".


C’est également ce qu'affirme son mari : "Nous, on est sortis de la matrice. On n’est plus dans le métro-boulot-dodo. Les priorités ont changé. Avant, on pensait à nos cheveux ou à notre habillement ; maintenant, on se préoccupe de comment monter des marches. Je ne souhaite pas un drame à tout le monde, mais ça aide à ouvrir les yeux et relativiser".


 



 

Joseph, le patient optimiste


L’histoire de Joseph, un jeune patient âgé de 13 ans, a été rapportée par son chirurgien, le Dr Brendon Stiles.

 

Le médecin explique que "ma plus grande leçon d’optimisme ne m’est pas venue d’un collègue mais de lui". Joseph a été amputé de la jambe gauche suite à un cancer, mais ne s’est jamais plaint et n’a jamais baissé les bras : "en soins intensifs après une lourde opération, j’ai été émerveillé de voir Joseph, encore sous assistance respiratoire, me sourire et lever le pouce. Ce geste m’a bouleversé. Il ne se plaignait pas et avait pour seul objectif de se rétablir et retrouver sa vie d’avant". 


Quelques semaines plus tard, Joseph courait sur un terrain de basket à l'aide d'une prothèse. Pour le chirurgien, "le cas de Joseph doit être un exemple : il nous apprend que l’optimisme des patients est une force intérieure profonde".


 

 

 
 
 

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